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  • Damien Choppin

A Villejuif, l’arrestation de la pyromane met fin à la vague d’incendies


FAIT DIVERS - Une traînée de suie noire sur toute la hauteur de l’immeuble de sept étages. Voici ce qui reste des deux incendies qui ont embrasé la cité du Vercors, un ensemble de logements sociaux à Villejuif (Val-de-Marne), les 9 et 18 décembre. A chaque fois, le même enchaînement. Le feu démarre dans le parking au sous-sol et les fumées se propagent dans les étages supérieurs. La première fois, sept voitures sont détruites ou endommagées. On en compte 27 lors du deuxième sinistre. Depuis, les entrées des deux niveaux de parking du 4, allée du Vercors sont murées et des experts sont présents, ce mardi matin, pour constater l’ampleur des dégâts en vue d’effectuer des travaux.


Il est deux heures du matin, le 9 décembre, quand Christelle, 49 ans, est réveillée par son mari. A travers sa fenêtre, elle voit le bâtiment d’en face s’enflammer. “J’entendais les gens crier au secours, il y a avait des pompiers partout, des échelles pour faire descendre les gens”, se souvient la femme aux traits tirés. Appelés pour un feu de poubelle, les pompiers se retrouvent face à un incendie d’ampleur. Williams, 43 ans, se trouve alors dans son appartement, au cinquième étage du numéro 4. “La fumée nous a envahi dans la nuit, raconte-t-il. C’était tellement intense que nous ne pouvions pas descendre par les escaliers.” Il doit alors être évacué par les pompiers, avec son fils de 18 ans et son beau frère. Vers 3 heures, les soldats du feu finissent par maîtriser l’incendie.


Le 18 décembre, le feu part cette fois-ci du deuxième sous sol. “Quand j’ai ouvert les fenêtres de la chambre de mon fils, les flammes m’ont surgi au visage”, décrit Sabine, l’épouse de Williams. Si cette fois les habitants peuvent s’échapper par les escaliers, les dégâts sont plus importants. “Tout a été bouffé par l’incendie”, ajoute la femme de 41 ans. Les eaux usées ne sont plus correctement évacuées. “Ca sentait mauvais, c’était invivable. Nous sommes restés deux semaines sans électricité ni eau chaude”, déplore celle qui vit ici depuis une dizaine d’années.


Derrière ces deux actes, une même suspecte. Une femme de 26 ans, Justine L., dont les parents habitent la cité. Atteinte de troubles psychiatriques et déjà condamnée pour des faits similaires en 2016, la jeune femme est sortie de l’hôpital Paul Giraud en novembre. Les enquêteurs font rapidement le rapprochement. Elle est arrêtée le 28 février et déférée devant le tribunal de Créteil, mise en cause dans quatre incendies au total, le dernier le 18 janvier. Elle reconnaît les faits du 18 décembre, et ne conteste pas les trois autres, indique le parquet.


Son téléphone portable confirme sa présence sur les lieux à chaque fois. Sous curatelle, Justine L. est actuellement en détention provisoire en attendant son audience fixée au 5 avril. Sans accord de la curatrice de la prévenue, son avocate n’a pas souhaité commenter l’affaire.

Le dossier dresse le portrait d’une femme qui enchaîne les séjours en psychiatrie depuis plusieurs années. En 2017, elle est exclue du foyer qui l’héberge à cause de sa consommation de stupéfiants. L’expertise conduite durant sa garde à vue fait état d’une “altération du discernement”. Récidiviste, Justine L. encourt jusqu’à 20 ans de prison pour “dégradation du bien d’autrui par incendie”.


Devant leur immeuble, Sabine et Williams accueillent avec surprise la nouvelle de l’arrestation : “on pensait que c’était les jeunes du quartier”. Mais Christelle, qui habite la cité depuis 2005, pensait plutôt à des individus venus de l’extérieur. “C’est le QG des jeunes du quartier ici, indique-t-elle en pointant du doigt le muret qui surplombe le parking. Ils traînent, jouent aux cartes, mangent des grecs. Je me suis dit que c’était plutôt un règlement de compte, car il y a parfois des gens qui viennent et qu’on ne connaît pas.” Aucun riverain interrogé ne connaît la suspecte.


Aujourd’hui, Sabine, Williams et leur fils de 18 ans cherchent à partir. L'ascenseur n’a toujours pas été remplacé, et la porte de leur appartement ne ferme plus correctement. “Même avant l’incendie, l'ascenseur tombait régulièrement en panne, déplore Sabine. Depuis qu’on est là, c’est de pire en pire.” Le couple raconte que, suite aux deux sinistres, de nombreux locataires ont quitté le bâtiment. Ils ont eux-même déposé une demande pour changer de logement. Christelle, quant à elle, entend rester. “Le quartier est ce qu’il est, mais mes enfants vont à l’école ici, et tout le monde se connaît. On a jamais eu de problème, nuance la petite brune. Et puis ailleurs, c’est la même chose.

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